Football - Portrait : Taner Kara, de l’US Langlée au FC Mandorais, l’histoire d’un homme, d’un passionné…
- Lyes Baloul
- 16 juil. 2024
- 5 min de lecture

Taner Kara sous les couleurs de l'US Langlée (à gauche).
Il existe des hommes qui ont choisi d’associer leur vie à leur passion. Des hommes qui ne parlent qu’une langue. Celle qui se traduit par des sensations. Des histoires. Et des émotions. Taner Kara en fait partie. Le grand public footballistique le connaît. Et reconnaît son talent. Son engagement. Ses compétences. Qu’en est-il de ses rêves ? De ses ambitions ? De sa vision transversale sur le football ? Taner Kara, de l’US Langlée au FC Mandorais, l’histoire d’un homme, d’un passionné… Portrait.«
" Papa, on reprend quand les entraînements ? ». « En septembre ». C’est la question d’Onur et c’est la réponse de Taner Kara. « Il est pressé de reprendre », sourit le père de famille. Et il n’est pas le seul fils à vibrer pour le football. Yasir, 16 ans, évoluera chez les U17 du FC Mandorais au démarrage de la saison prochaine. Onur, 8 ans, a suivi les traces de son frère. Sous les couleurs du même club. Comme le père, l’actuel responsable sportif du club de football de Villemandeur. Kadir, l’aîné des garçons (19 ans), lui aussi, était vu au FCM avant de choisir l’USM Montargis. « À la maison ? On essaie de parler d’autre chose que le football. Il n’y a pas que ça dans la vie », glisse Taner Kara. Avant de préciser à son jeune fils l’horaire de la finale de l’Euro de football opposant l’Espagne à l’Angleterre. « Il ne peut pas s’en empêcher. C’est la passion qui le rattrape. Il faut qu’il y ait du football dans ses conversations », Ironise « Djems », gérant du restaurant Le Capadoce, à Montargis, ami de longue date de Taner Kara. « Il a toujours soutenu le monde footballistique local. Il a toujours été là pour nous. Parce qu’il aime le football », admire Taner. Le regard rivé sur la télé de l’établissement où il était rediffusé un match disputé la veille.

Photo d'archives de l'équipe de l'US Langlée.
« Ma vie avec le football a commencé à l’US Langlée »
C’est la trajectoire d’un môme. L’histoire d’un homme. Celle qui le conduira vers « des aventures incroyables ! Des expériences inoubliables ». Sa vie de footballeur ? « Vous voyez cette photo ? C’est là que tout a commencé. À l’US Langlée ». L’existence du club châlettois s’est éteint depuis plusieurs années. « Mais les souvenirs sont là. Ils ne s’effaceront jamais », jure Taner. « Papa, c’est quoi l’US Langlée ? », lui demande Onur. « Tu vois les couleurs de l’Inter Milan, noir et bleu ? On avait le même maillot. Regarde cette photo, elle est en noir et blanc. Dommage ! ». Treize ans sous les couleurs de l’US Langlée.
" Mon meilleur souvenir ? L'US Langlée - USM Montargis en Coupe du Loiret. Un moment ordinaire dans une vie. Mais quel bonheur de vivre un tel match ! "
« Je vais vous montrer quelque chose ». Un article de presse relatant un certain US Langlée - USM Montargis en Coupe du Loiret. « Tu ne peux pas oublier un tel moment. On avait battu Montargis 6-5. Mais au-delà du score, il fallait être sur place pour voir le degrés de la joie, du bonheur chez les supporters. C’était un match presque entre potes. L’enjeu était là, certes, mais l’aspect convivial dominait le reste… Un moment ordinaire dans une vie. Mais quel plaisir ! », s’émeut Taner Kara, buteur ce jour-là. Lui qui n’oublie guère ses anciens coéquipiers. « On jouait sur un terrain noir, en goudron (l’actuel parking de l’usine Hutchinson, à Châlette). Il y avait très peu de moyens, mais on était heureux. C’était une époque où tout le monde côtoyait tout le monde. On allait boire un verre, manger un morceau après les matches. On était tous heureux. Les éducateurs, c’étaient les parents. Des gars qui travaillaient en usine. On était unis. Tous. Fusionnels. Pas de différence de couleurs, d’orientations politiques, d’origines. On était des enfants devenus des hommes qui ont choisi cette voie. Celle du football. Aujourd’hui, quand je vois certaines choses. J’ai envie de pleurer. Ça me désole. Heureusement que la passion est plus forte que tout… Autrement, personnellement, j’aurais arrêté il y a longtemps ».
« À l’USM Montargis, c’était une autre belle histoire »
L’avant-centre Taner Kara est repéré par l’USM Montargis. « C’était une autre belle histoire !», se souvient l’homme de 45 ans. « J’étais à l’US Turcs. C’est Laurent Faudry qui est venu me chercher ». L’emblématique Joël Dubois dirigeait l’équipe première en départemental. « Tout s’est goupillé dans un bar. J’étais excité à l’idée de rejoindre ce club ». Résultat des courses : sept années sous le maillot jaune et bleu. Et cinq montées (de D1 en R2). « Quelle période ! On a réussi à atteindre la R2 ». Un nouveau challenge. De nouveaux amis. De nouvelles sensations. « On était soudé, uni. On jouait tous pour le même but. Une bande de copains qui a envie de s’amuser. Aujourd’hui, quand je constate qu’après les matches, il n’y a plus personne, je regrette notre époque. Avant, on avait une grosse cohésion. Est-ce que l’argent, même en amateur, a tué le football ? Fort possible ». Taner Kara pense à ses anciens coéquipiers. « Des coéquipiers qui sont devenus des amis. Laurent Faudry, Ibrahima Camara, Gérald Lefebvre, David Bernardo, Morgan Ballot, Julien Dubois, Florent Szoffer, les Bergalonne, Flavien Hureau, Anthony Rot, Cyrille Thoreau, Patrice Remond… Je peux en oublier. Mais la liste est longue ».
« Un choix de vie, la famille, le monde de la nuit… »
Taner Kara devait trouver un travail. « Je suis devenu barman dans une boîte de nuit. Là, tout change pour moi. La fatigue, une hygiène de vie pas souvent respectée. Puis, avec l’arrivée des enfants, la vie prend une nouvelle tournure. Tu n’as plus le même regard envers les choses. Tu penses plus à ta famille qu’à ta propre personne. C’est logique. J’ai fait ce choix. C’est la vie ». Direction l’ES Gâtinaise où il évoluait en D3 du district avant de prendre la responsabilité de l’école de football. « Une expérience intéressante. Tout comme mon aventure de deux ans à l’US Turcs, avec Alain Blaser et autres… Ou encore mes années au Sporting Châlette... ». Il arrête de jouer à l'âge de 35 ans.

Un nouveau Taner Kara débarque au FC Mandorais
Cyrille Grimaud, l’ancien président du FC Mandorais, fait appel à lui. Taner Kara accepte le challenge. Démarrer une restructuration au niveau de l’école de foot du club de Villemandeur. « J’arrive dans une structure familiale, conviviale. J’ai choisi la voie de la formation des jeunes car c’est un domaine qui me tient à cœur. Un jeune, tu peux lui expliquer des choses, le faire travailler. Je le dis : quand tu as 25 ans et tu ne sais même pas faire un contrôle, je ne peux malheureusement rien faire pour toi. Un enfant de 10, 15 ans, tu peux l’aider, le guider. Et quand les résultats sont là, tu es forcément heureux. La formation, c’est un monde à part dans le football ». Aujourd’hui, Taner Kara est le responsable sportif au sein du FC Mandorais. « Tant que la passion est toujours là, c’est toujours un bonheur de prendre la route du stade. On aime ce sport malgré, parfois, les contraintes sur le plan professionnel, familial. On essaie de trouver un équilibre. Même au détriment de certaines priorités. Mais c’est comme ça… C’est toute la magie du football ». Sacrée fidélité !




