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Football – Régional 1 : Georges Cazeaux (Amilly) : « Pour construire, il faut impérativement de la stabilité… »

  • Lyes Baloul
  • 12 août 2024
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 août 2024


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Georges Cazeaux, un franc-parler légendaire. Photo : Lyes Baloul.

Georges Cazeaux est un entraîneur comblé. Passé par Malesherbes, club au sein duquel il réussit la montée en CFA, Montargis, Blois ou encore Contres, le nouveau coach des J3 Amilly en Régional 1 aura roulé sa bosse.

Des voyages et des souvenirs. Des expériences et des rêves réalisés. Et c’est pour cette raison que Georges Cazeaux a décidé de faire durer son plaisir dans le monde footballistique. En s’installant sur le banc amillois, il veut surtout faire valoir sa maturité. Ses ambitions, ses choix, des anecdotes, ses valeurs… Il en parle à cœur ouvert. Georges Cazeaux, ce globe-trotter infatigable. Interview.


Vous avez exercé l’espace de trois années sur le banc de l’USM Montargis (DHR-DH), quel est votre sentiment de retrouver le Gâtinais ?

Je retrouve les terrains du Loiret que j’ai quittés il y a dix ans. Le Blois Foot 41 était une belle aventure. Si ce club a réussi à franchir des étapes importantes, je peux dire que j’y ai participé. Je remercie le club, d’ailleurs, de m’avoir donné cette opportunité. Puis, il y a eu l’expérience de cinq années à l’AS Contres. J’ai ensuite découvert d’autres missions à La Chaussée (28) et Pithiviers (président). Cette année, j’ai entraîné Cher-Sologne Foot en première division. Je n’ai aucun regret. La première division, c’était une découverte pour moi. Humainement, c’était intéressant. L’état d’esprit et la mentalité, c’est vraiment magnifique. Sportivement, c’était un peu compliqué pour moi. Ça ne correspondait pas à ce que je recherchais. J’ai ensuite décidé de retrouver le Loiret. J’ai eu plusieurs opportunités, ailleurs. J’avoue que je reviens de nulle part. Quand tu quittes un département durant dix ans, les gens t’oublient quelque part. À part les anciens. Ils savent qui tu es, qu’est ce que tu as fait. Les jeunes t’oublient ou ne te connaissent pas. Au départ, j’ai du mal à renouer avec les contacts dans le Loiret. Après, j’ai eu une possibilité d’aller à Saran. L’opération ne s’est pas faite, car Saran était déjà sur un projet presque ficelé. J’étais libre, j’ai essayé. J’ai eu des propositions mais ça nécessitait un déménagement. Et ce n’était pas ce que je voulais. Je me suis dit : pas grave, ce sera une année sabbatique.


Puis, les choses ont rapidement évolué avec la direction des J3 Amilly…

Déjà, je retrouve le Loiret et je sais que la concurrence est rude entre les clubs dans ce département. Je sais aussi que les clubs ont morflé après le Covid-19. Quand je vois la situation de certains clubs légendaires, je trouve ça dommage. Avec Amilly, les contacts ont fini par aboutir. Je connais le co président (Ibrahima Diop). J’étais coach et lui joueur adverse (sourire). Là, entraîner une équipe R1, c’est un miracle pour moi. J’étais au fin fond en première division. Avec le risque de te faire oublier. Indirectement, le fait qu’un club de Régional 1 fasse confiance à un entraîneur qui était en D1, c’est quelque chose. Oui, c’est une marque de confiance. Une chance pour moi et c’est une chance pour Amilly d’avoir trouvé un entraîneur libre à une période peu évidente. Avec Amilly, on a réussi à se retrouver.

" Dans ma carrière, j'ai entraîné entre 600 et 700 joueurs. Et j'en ai au moins 600 qui, aujourd’hui, traversent la rue pour me dire bonjour ".

Sportivement, en quoi consiste le projet amillois en Régional 1 ? 

À l’image de beaucoup de clubs, Amilly a souffert ces dernières années de la pression née des réformes des championnats. Après le Covid-19, les clubs n’ont pas eu le temps de souffler avec toutes ces refontes. Ni le temps pour travailler sereinement puisqu’ils se trouvent, en permanence, à tenter la montée ou à craindre la descente. Amilly en paie les conséquences, aussi. Aujourd’hui, le club part sur un nouveau cycle, avec une nouvelle direction. Le projet s’accentue sur la construction. Les directions précédentes ont très certainement fait du bon travail. Je suis venu dans cette structure pour réaliser un beau parcours. Être à la hauteur de la confiance placée en moi. Bien-sûr que la saison va être dure. Bien-sûr que ce championnat va être très disputé. Mais je sais une chose, aussi : je découvre un groupe jeune, une équipe, un collectif qui défendra ardemment les couleurs de ce club. J’ai confiance en mes joueurs, car ils veulent prouver des choses. Amilly a enregistré beaucoup de départs. Et c’est le cas sur ces trois dernières années. Et cette situation est constatable dans d’autres clubs.


À qui la faute ?

C’est la grande question ! À l’instabilité au niveau technique, avec les changements à répétition des entraîneurs ? À une nouvelle mentalité des footballeurs amateurs ? À Malesherbes, j’ai construit pendant dix ans. Quand je suis arrivé dans ce club, Bernard Pougat (l’ancien président) avait déjà quinze ans dans la structure. Le club jouait en PH. J’ai remonté l’équipe en CFA. Je construisais avec les joueurs que j’avais. Et je l’ai bonifié par petites pincées. S’il fallait aller chercher un joueur pour compléter mon groupe, je n’allais pas en chercher quinze. La continuité. Voilà le secret de cette réussite. Aujourd’hui, tout le monde veut aller plus vite. Il faut un titre tout de suite. Il faut des résultats tout de suite. Le coach, parce qu’il veut de faire reconnaître, veut tout immédiatement. Les coaches se sont professionnalisés. « C’est mon métier », qu’ils disent d’ailleurs. Moi, ce n’est pas le cas encore (sourire).

" Aujourd’hui, pour un joueur amateur, si tu veux gagner de l’argent, tu peux le trouver en allant travailler à l’usine, en créant sa propre boîte. Pas la peine de venir le chercher sur les terrains de foot ".

Que retenez-vous de toutes ces années sur différents bancs ?

J’ai entraîné, dans ma carrière, entre 600 et 700 joueurs. Et j'en ai au moins 600 qui, aujourd’hui, traversent la rue pour me dire bonjour. Dans les joueurs adverses, j’en ai beaucoup qui viennent me saluer. Le Georges Cazeaux d’hier et celui d’aujourd’hui, c’est le même. Un bon entraîneur, c’est celui qui arrive à se faire aimer par ses joueurs. J’ai toujours donné des chances. Au plus fort et au plus faible. J’ai sans cesse su reconnaître les compétences de mes joueurs. Moi, je suis un entraîneur qui aime dire les choses. Parfois maladroitement. Mais ce n’est pas dans le but de blesser les personnes. J’ai du respect envers les gens. La franchise, c’est important dans un groupe. Après, chacun a sa propre personnalité, son propre caractère, son propre tempérament.


La retraite sportive, ce n’est sûrement pas pour demain pour vous, n’est-ce pas ?  

Mes exemples dans le coin sont Josip Zatela et Jacques Froissart. Les deux sont toujours en activité. Pourquoi pas moi (rire). L’envie est toujours là. La passion, aussi. Je suis un gagneur. J’aime le football. J’aime la compétition, les terrains. Le football, ce n’est pas mon métier. Ma priorité dans un club n’est pas d’avoir un contrat. Peu importe le niveau, le plus important pour moi est d’être sur le bord d’un terrain. Aujourd’hui, pour un joueur amateur, si tu veux gagner de l’argent, tu peux le trouver en allant travailler à l’usine, en créant sa propre boîte. Pas la peine de venir le chercher sur les terrains de foot. Les valeurs de ce sport diminuent d’année en année. La solution ? Une prise de conscience. On a perdu ces liens, ce sang, cette ADN pour la discipline. Rien que le fait d’accepter de s’entraîner en semaine, c’est compliqué pour certains. Tu as des joueurs qui ont fait deux matches dans leur vie et viennent te voir pour te dire : je veux du travail et de l’argent. Et moi, à mon niveau, ce que je j’essaie de défende, c’est ce plaisir de venir retrouver ses coéquipiers. J’espère retrouver cet état d’esprit à Amilly. Et je pense qu’il existe… Sinon, on va travailler pour le réveiller.



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